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Cyberwitches Manifesto •
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http://lucilehaute.fr/cyberwitches-manifesto/cyberwitches-manifesto.html
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2019 •
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Il a suffit d'un nœud dans le temps
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puis le monde a changé
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puis la mémoire a disparu
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puis on n'a plus pu comprendre la vie
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ni en avant ni en arrière.
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Il est temps d’arrêter de louvoyer.
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Il est temps de se réaligner.
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Il est temps de faire face aux mutations en cours.
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Non sans anxiété mais avec détermination.
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Nos voix se mêlent : "Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend".
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— Nature, Gaïa, ni mère, ni sœur, mais force au-delà des langues qui ont du mal avec le post-genre.
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Nous avons pris acte de ce que les outils du maître ne démantèleront pas la maison du maître ; que les outils qui parurent un temps être ceux de nos luttes participent d'intentions militaristes, capitalistes et patriarcales.
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Il est temps de quitter les labyrinthes dualistes.
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Mais nous ne sommes pas Icare : les Sirènes sont nos sœurs et nous tenons trop à la sensualité des pierres et à la tendresse des arbres pour céder à l’orgueil transhumaniste.
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Nous voulons nous connecter de la Terre à la Noosphère sans fouiller gratter profaner les entrailles de Gaïa, sans cracher au visage du Ciel et du Temps les fumées mortifères qui hypothèquent nos devenirs.
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Nous voulons saboter l’unité centrale classiste et inégalitaire.
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Nous professons l’autonomie technologique et toutes les formes d’émancipation et d’enpouvoirement.
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W.I.T.C.H., VNS Matrix, Gynepunk, Reclaiming, le technoshamanisme, le xénoféminisme, l’hyperstition, l'afrofuturisme et l’ancestrofuturisme nous inspirent, sans que nous adhérions tout à fait à l'un ou l'autre.
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Nous savons que la parole est la matière agissante de la magie.
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Nous nous essayons parfois à cette alchimie du verbe qui modifie le réel par les mots.
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Nous pratiquons l'hermétisme avec second degré.
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Nos mots ont peu d'hybris. Ils caressent les pâquerettes plutôt que de participer à instancier la magie.
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Notre puissance est domestique et vernaculaire.
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Notre sororité nous prémuni de glisser de sorcière à femme de pouvoir.
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Nos pratiques bricolées échappent aux religions.
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Nous ne sommes pas unitaire mais labile et évanescente.
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Nous ne croyons pas en la divinité mais nous connectons à elle.
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Nous pratiquons cette science appliquée de la création de formes par l'énergie et de la direction de l'énergie par les formes.
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Les formes, les structures, les images que nous manipulons nous entraînent parfois hors des limites imposées par notre culture.
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Notre volonté, nos actions, notre énergie dirigée, nos choix faits non pas une mais plusieurs fois : voilà notre magie.
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Habitant ce 21ème siècle, longtemps rêvé, aujourd’hui craint, nous nous inventons des origines et des traditions expérimentales.
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Nous comprenons que chaque chose est connectée, que la conscience donne forme à la réalité et la réalité donne forme à la conscience.
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Nous utilisons les réseaux sociaux pour nous réunir en des rituels spirituels et politiques.
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Nous utilisons smartphones et tarot pour nous connecter aux Esprits.
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Nous fabriquons des dispositifs DIY pour écouter les mondes invisibles.
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Notre corps astral parcourt le plan cosmique des ondes radios.
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Nous mélangeons des méthodes anciennes et inventées pour révéler la porosité des mondes — le nôtre, celui des divinités auxquelles nous ne croyons plus, celui des entités magiques et fictionnelles que nous créons.
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Nous sommes des entités à la fois corporelles, biologiques, incarnées, mais aussi et simultanément : des êtres relationnels, des êtres informationnels, des êtres aux extensions digitales.
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Nous vivons dans un monde physique et numérique.
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Nous sommes des entités hybrides dans un monde hybride.
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Nous prenons soin de nos corps-hub-serveur.
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Nos extensions techniques quotidiennes font partie de nos rituels.
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Notre magie est technophile.
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Nous faisons les gestes.
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Nous disons les mots.
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Nous manipulons les objets.
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Nous convoquons parmi nous des survivances archétypales.
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Nous travaillons au surgissement d’égrégores.
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Nous recherchons quelque symbiose entitaire, énergétique, fugitive.
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Nous pratiquons cet art de changer la conscience à volonté.
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Nous sommes des sorcières cybernétiques.
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We are cyberwitches.
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— par la main de Lucile Olympe Haute, Imbolc 2019.
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